Résumé

Le « mal secco » est une trachéomycose des agrumes spécifique du Bassin méditerranéen, où elle progresse lentement d'est en ouest ; elle affecte également le littoral géorgien de la mer Noire. Après sa découverte en Algérie et en Tunisie, seuls I' Espagne, le Portugal et le Maroc paraissent actuellement indemnes de cette maladie. Ses symptômes ne sont pas absolument spécifiques et consistent notamment dans le dessèchement des feuilles des jeunes rameaux, suivi ou non de chute. Ce dessèchement gagne les branches et le tronc, avec une vitesse et selon une importance dépendant de nombreux facteurs : emplacement du point d'infection, souche du champignon, nature de I' hôte, etc. Le «mal secco » est provoqué par Deuterophoma tracheiphila PETRI et détruit rapidement toutes les espèces de citrus si celles-ci sont infectées par le pied, mais se développe plus ou moins lentement si la contamination se produit sur des parties aériennes de I'arbre : dans ces conditions, I'oranger (Citrus sinensis OSB.), le mandarinier (C. reticulata BLANCO) sont tolérants, le cédratier (C. medica L.), le citronnier en général (C. Iimon BURMANN) et la lime vraie (c. aurantifolia Sw.) très sensibles. En tant que porte-greffe, le Poncirus trifoliata et le bigaradier (C. aurantium L.) sont sensibles, la limette de Palestine et le Rough lemon le sont davantage. on connaît des porte-greffe, comme Citrus volkameriana PASQUALE, et la mandarine Cléopâtre, très tolérants à la maladie, ainsi que quelques variétés de citrons (Santa Teresa, clone de Femminello en Sicile ; Lamas en Turquie). L'infection a lieu en automne, hiver et printemps, principalement en janvier. Le développement du mycélium et la production de pycnides ont leur optimum entré 12 et 20°C environ. Au-dessus de 30°C, la progression du champignon s'arrête. Le champignon produit diverses toxines et une de ses lignées induit dans les vaisseaux du bois une coloration habituellement jaune orangé à rouge, parfois noirâtre ; cette coloration peut être développée artificiellement et servir au diagnostic précoce de l'affection. Les probabilités de contamination sont d'autant plus faibles que I'arbre est en meilleur état végétatif : aussi toute cause d'affaiblissement (froid, vent, grêle, forçage, dommages aux racines) prédispose à la contamination, bien que n'étant pas indispensable. Les moyens préventifs de lutte consistent dans I' utilisation de porte-greffe et de greffons de variétés tolérantes et dans le report à l'été des façons culturales (labours profonds, apports d'engrais) qui, effectuées en hiver, sont une importante cause d'infection. Les moyens curatifs ne sont tous que des palliatifs : ils vont de I' arrachage des arbres à la simple amputation des parties se desséchant et de celles situées immédiatement au-dessus ; I' incinération des écorces couvertes de pycnides, des rameaux et feuilles tombées, ainsi que des pulvérisations de bouillie bordelaise ou d'autres fongicides sur la partie aérienne et le sol sont également conseillées. Toutes les parties de l'arbre, y compris les racines, doivent être maintenues dans le meilleur état possible.

  • Auteurs : Chapot,, H.
  • Année : 1963-01-01
  • No Revue : 9
  • Mots clés : AGRUME DEUTEROPHOMA TRACHEIPHILA CITRUS CITRUS VOLKAMERIANA CONTROLE DE MALADIES
  • Référence : AL AWAMIA (MA) ISSN: 0572-2721 , (1963), no 9 , p. 89-125