Menacée d’extinction par un ravageur venu d’ailleurs, la filière cactus au Maroc revient de loin. Le pays a mené une véritable bataille scientifique et agricole pour sauver cette culture emblématique. Résultat : plus de 10 millions de plants déjà distribués, redonnant espoir aux agriculteurs. Mohamed Sbaghi, directeur de recherche à l’INRA fait le point. 

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : Quand la cochenille a-t-elle été détectée pour la première fois au Maroc ?

Mohammed Sbaghi : La première détection officielle remonte à 2014, dans la commune de Sidi Bennour, au cœur de la région de Doukkala. Mais en réalité, l’insecte était probablement déjà installé bien avant. Lorsque l’on commence à distinguer cette fine enveloppe blanche sur les raquettes de cactus, c’est qu’il est déjà trop tard : la cochenille a pris ses quartiers. C’est une espèce transfrontalière, qui ignore les frontières. Elle circule avec les plantes, les marchandises, les véhicules, les animaux... et parfois même dans les bagages des touristes. Elle a atterri sur notre sol sans prévenir.

Quelles ont été les premières réactions sur le terrain ?

Il y a d’abord eu une forme d’incrédulité. Certains agriculteurs, intrigués par le liquide rouge pourpre qui jaillit quand on écrase l’insecte, y ont vu une opportunité. Dans des pays comme le Pérou ou le Mexique, on extrait de cette cochenille de l’acide carminique, un colorant naturel prisé dans l’agroalimentaire et les cosmétiques. Ils se sont demandé si ce n’était pas une chance déguisée. Mais l’illusion n’a pas duré : les dégâts se sont rapidement imposés comme une évidence.

Veuillez découvrir la suite de cet interview sur  l’observateur.info