La zone d’action du CRRA de Tanger s’étend sur plus d’un million et demi d’hectares dont 0,66 millions d’hectares de surfaces agricoles utiles. Le reste représenté par des forêts et des parcours se trouvant en particulier en zone de montagne et des hauts reliefs qui dépassent les 2000 m d’altitude. Cette entité constituée en particulier des montagnes du Rif central et occidental se caractérise par un relief accidenté, des précipitations abondantes pouvant dépasser 1000 mm par an, une agriculture traditionnelle de subsistance dominée par un élevage caprin sylvo-pastoral avec une occupation du sol à base des céréales et des plantes arboricoles dont principalement l’olivier, le figuier et l’amandier. L’importance de l’activité agricole, en particulier de l’élevage, et des pratiques agricoles non préservatrices du sol conjuguée au relief accidenté et l’abondance des précipitations sur des faciès peu perméables font de cette zone l’une des plus érodées au niveau planétaire avec plus de 200 tonnes de sol par Km² et par an. Le recours à des pratiques agricoles clémentes et le développement d’un couvert végétal dense et permanent sont les seules alternatives capables de remédier à cette situation. 

Par ailleurs, l’étendue de la zone et la multitude des entités écologiques et des systèmes de production offrent une gamme très large de produits agricoles de terroir dans les domaines de l’élevage caprin (lait, viande, fromage…), des arbres (huile d’olive, figues, amandes…) et des plantes médicinales et aromatiques (PAM : plantes séchées, huiles essentielles…) mais qui sont loin de répondre aux exigences, surtout qualitatives, pour pouvoir rester compétitifs dans le nouveau contexte commercial de libre échange et d’ouverture des frontières. La valorisation de ces produits passe inéluctablement par l’instauration de normes qualitatives capables de garantir la rentabilité, la viabilité et la durabilité de ces productions.

L’analyse des potentialités et des contraintes de cette zone et leur superposition avec les acquis de recherche dans la zone, montrent la nécessité d’entamer plusieurs axes et thèmes de recherche et de recherche développement indispensables pour le développement durable de ces zones fragiles. Il s’agit en premier lieu de la conservation du sol et la préservation de l’environnement par l’utilisation de techniques de production non destructives de l’environnement, le développement de la productivité des systèmes d’élevage caprin et bovin par l’amélioration de la technicité des éleveurs et le développement du savoir et du savoir faire local, la valorisation et la promotion des produits de terroir d’intérêt dans la région (fruits, produits d’élevage, PAM) et enfin la préservation et la diversification de la biodiversité des espèces arboricoles et des plantes aromatiques et médicinales par des actions de réhabilitation des anciennes plantations, de conservation et de diversification du germoplasme arboricole et des essences floristiques de la zone .

Le PRMT 2008-2012 a été présenté au cours des réunions de formulation et d’élaboration du Plan Agricole Régional (PAR) de la Région Tanger Tétouan. En effet, parmi les projets inclus dans ce PAR, cinq projets on été retenus. Par conséquent, les enjeux actuels et futurs ont été pris en considération dans la finalisation du PRMT. 

Pour ce faire, le CRRA de Tanger a retenu trois principales orientations de recherche qui ont été fixées en concertation avec ses partenaires : 

Orientation 1 : Amélioration des performances et de la durabilité de la filière caprine dans le Nord

L’importance socio-économique du cheptel caprin dans la région du nord du Maroc en fait une voie incontournable d'amélioration des conditions de vie des éleveurs. L’aptitude laitière des caprins locaux et le savoir faire de la population rurale locale en matière de production et de valorisation du lait de chèvre ont motivé les autorités publiques marocaines à retenir la production laitière comme option stratégique pour le développement de l’élevage caprin dans le Nord du pays.

Cependant, les mesures entreprises n’ont pas eu les résultats escomptés. La filière laitière peine à se mettre en place et l’élevage caprin dans la région demeure largement un élevage de subsistance dont l’objectif principal est la production de viande. Actuellement, les productions caprines dans la région sont ne dépassent pas 12600 tonnes de lait et 2500 tonnes de viandes par an. 

En effet l’analyse intégrée des résultats obtenus lors du PRMT 05-08, des publications scientifiques et de la nouvelle stratégie de développement du secteur retenu par MAPM, nous oriente vers plusieurs thématiques qui s’avèrent prioritaires. Il s’agit de l’amélioration et la préservation de notre patrimoine génétique locale, l’élaboration de nouvelles techniques de reproduction adaptées aux caprins locaux, l’amélioration du profil alimentaire des troupeaux caprin, la préservation des ressources naturelles par une meilleure utilisation des ressources pastorales et la diversification et l’amélioration de la qualité des produits caprins.

Cette orientation est déclinée à travers le projet suivant :

• Projet 1 : Amélioration de la productivité et de la durabilité des systèmes de productions caprins dans le nord du Maroc.

Orientation 2 : Intensification et diversification des systèmes de production en irrigué

Le périmètre bénéficie d’importantes potentialités agricoles. Cependant, l’analyse du rapport acquis/richesses montre un bilan de développement très en dessous des potentiels intrinsèques de ce périmètre. Les recherches effectuées en phase 2005-2008 ont permis de décrire les systèmes de production en irrigué en terme de productivité et de constats environnementaux. 

Cependant, d’autres chantiers de recherche restent à prospecter pour la phase 2008-12 pour répondre de façon plus pragmatiques aux doléances des partenaires, principalement l’ORMVAL et les organismes de développement et d’encadrement des agriculteurs dans le bassin du Loukkos. 

Cette deuxième orientation du PRMT 2009-12 vient en support aux efforts déployés dans la zone pour améliorer les productions par introduction de nouvelles variétés, rationaliser l’utilisation de l’eau et des pesticides pour mieux préserver les ressources en eau et s’inscrit dans la stratégie nationale du Plan Maroc vert qui insiste sur la mobilisation des potentiels tout en répondant aux standards internationaux pour dupliquer les succès.

Cette orientation va se concrétiser par le projet suivant :

• Projet 1 : Amélioration, intensification et valorisation de la production agricole dans la région du Nord 

Orientation 3 : Développement des filières agricoles et promotion des produits de terroir de montagne

Cette orientation s’insère parfaitement dans le cadre de recherche-développement. Elle a pour objectif la valorisation des acquis de la recherche par l’assistance technique, le renforcement des capacités et le transfert de technologies pour les principales filières de la région. Elle va être concrétisée par le projet suivant :

• Projet 1 : Développement des cultures fourragères et des élevages caprin et bovin laitiers dans le nord du Maroc : Capitalisation des acquis de recherche