L’information a été révélée en premier par nos confrères du Le360.ma : l’Agence Nationale de Réglementation des Activités relatives au Cannabis (ANRAC) a récemment donné son feu vert pour une première expérience de culture, légale et strictement encadrée, de la variété autochtone (Beldia) dans la région d’Al Hoceima. Si à l’écriture de ces lignes, l’ANRAC n’a pas encore officiellement confirmé cette annonce, les sources du média précisent que « la culture de cette variété est toutefois soumise à des conditions strictes, et sa généralisation reste tributaire des résultats de tests et d’analyses biologiques ». Contacté par nos soins, le porteur du projet, M. Abdellatif Adebibe, évoque une « nouvelle étape » qui vient conclure plusieurs années de militance pour une réelle reconnaissance de la « Beldia ». Le président de la Coopérative Agricole Adebibe précise par ailleurs que les autorisations pour cette première expérience ont été effectivement délivrées par l’ANRAC.
Spécialiste de la culture légale du cannabis et également président de l’Association pour le Développement du Rif Central, notre interlocuteur rappelle que cette reconnaissance de la Beldia intervient après plusieurs années de mobilisation. « Je suis le premier Marocain qui a milité pour la réglementation du cannabis au niveau international. Cela avait commencé dès 1999. J’ai représenté les peuples du monde aux Nations Unies, autant les peuples que les plantes autochtones. Deux fois à Vienne et deux fois à New York. Nous avons milité pour la réglementation, mais également et en particulier j’ai milité pour la Beldia », tient-il à souligner. L’aboutissement de ces efforts est certainement dû à l’orientation que le Royaume a prise depuis quelques années afin de mettre en place une filière de valorisation légale du cannabis, destinée aux usages licites de cette plante. Les spécificités particulières et intrinsèques de la variété locale du cannabis ont également été déterminantes.
Concernant le premier projet de culture autorisée de la Beldia, notre interlocuteur nous révèle que la zone pilote s’étend sur près de 30 hectares, cultivés par plusieurs agriculteurs locaux qui ont été autorisés dans ce sens, et répartis sur les quatre versants du Jbel Tidirhine, plus haut sommet de la chaîne du Rif. A terme, les premières récoltes seront destinées à une valorisation pour un usage industriel dans le secteur de la pharmacologie et de la cosmétique. Abdelatif Adebibe nous confirme par ailleurs que cette zone a fait l’objet d’études de la part de l’INRA depuis un peu plus de deux ans. « L’INRA avait étudié 8 écotypes de la Beldia au niveau des 4 versants de la montagne de Tidirhine afin de faire la caractérisation nécessaire. L’année dernière, nous avons fait une autre expérimentation sur la sélection avec pour objectif d’améliorer la variété locale et lui permettre de résister à l’invasion des variétés modifiées », explique M. Adebibe qui estime que la prochaine étape logique devrait être « l’inscription de la Beldia dans le Catalogue International ».
Source : lopinion.ma (Edition Electronique du 11/03/2024)