La notion de durabilité n’est pas bien prise en compte par les agriculteurs, surtout de petite taille. Mais plusieurs filières ont réussi à trouver le juste milieu entre production et durabilité : palmier-dattier, safran, olivier…

La thématique retenue pour la 12e édition du SIAM porte sur la durabilité dans toute la chaîne de valeur alimentaire, de la production au recyclage, en passant par la transformation, la consommation… Il y a lieu  donc de s’attarder sur cette notion de durabilité pour évaluer sa perception par les instituts de recherche (l’INRA essentiellement), sa prise en compte par les agriculteurs…

Selon l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), la notion de durabilité inclut trois rapports: économique (rentabilité, compétitivité), sociale (acceptabilité et moyen d’existence) et environnementale (préservation des ressources naturelles pour les générations futures). Cette perception conduit au développement d’un arsenal technologique orienté vers l’exploitation rationnelle et intelligente des ressources naturelles (biodiversité-sol-eau). Cet arsenal devrait tenir compte du contexte de changement climatique et de la pression anthropozoïque que subissent ces ressources, avec en parallèle la prise en compte d’actions de sauvegarde et de préservation de ces ressources. Toutefois, ce concept dans ses 3 dimensions n’est pas toujours adopté, ou du moins pas correctement.

Les exemples donnés sont relatifs notamment à la régression des légumineuses alimentaires dans les systèmes à base de céréales et légumineuses chez les petits agriculteurs, et la dégradation des zones de pâturages à cause entre autres de la disparition des modes d’exploitation rationnels se basant sur la transhumance. Cela dit, plusieurs filières ont fini par trouver le juste milieu entre production et durabilité, à l’instar des filières du palmier-dattier, du safran, de l’olivier extensif, de l’arboriculture de montagne, de la céréaliculture de montagne et certains produits du terroir. Mais la pression s’exerce sur d’autres, notamment l’arganier. En matière de production animale, l’élevage bovin laitier avec intégration culture-élevage et l’apiculture traditionnelle sont les deux filières ayant réussi à intégrer la durabilité dans le processus de production.

Dans ce cadre, l’INRA cite parmi les grandes techniques permettant l’optimisation de la production, le retour aux systèmes de production anciens (rotation céréales / légumineuses par exemple), l’utilisation de la jachère, le semidirect, le goutte-à-goutte… L’institut procède, pour sa part, à la sélection de variétés adaptées aux conditions édapho-climatiques du Maroc, productives et résistantes aux maladies pour éviter les traitements chimiques ; la domestication de certaines espèces sauvages menacées de disparition, à l’instar des plantes aromatiques et médicinales, des plantes pastorales, de l’arganier, du caroubier ainsi que l’adoption de systèmes d’agriculture climato-intelligente (agriculture de conservation) et la gestion intégrée des cultures et de leurs ennemis. Parallèlement, l’INRA espère la généralisation de la fertilisation raisonnée et respectueuse de l’environnement en s’appuyant sur des cartes de fertilité et de vocation agricole des terres cultivées, l’intégration de la gestion des risques aux gestions ingénieuses des sols et des eaux, en vue de renforcer la résilience de l’agriculture et améliorer l’adaptation au changement climatique.

Par ailleurs, l’INRA travaille sur l’amélioration génétique intégrant les outils biotechnologiques notamment, visant de plus en plus de critères liés à la résilience (tolérance au stress hydrique et haute température, cycle végétatif de la plante en phase avec les changements climatiques, intégration de la biodiversité dans les programmes de sélection et domestication…). De même, l’institut entend conserver les ressources génétiques dans des banques de gènes. Par ailleurs, il encourage le recours à l’irrigation déficitaire, l’irrigation localisée et le goutte-à-goutte, le raisonnement des stress et la gestion de l’eau par télédétection. Parallèlement, il préconise l’élaboration de cartes à vocation agricole comme outil de planification et des cartes de fertilité des sols.

Par: Ibtissam Benchanna

Source: La vie économique, Edition éléctronique du 22 Avril 2017